Arthur Baudon Vernet

17 août 20201 Min

Le chevreuil et la mer.

Mis à jour : 28 août 2020

Quand l’eau de la rivière a suffisamment d’espace pour s’écouler

on ne l’entend pas. Son débit régulier est parfaitement silencieux.

Seule la vue de la tache turquoise du martin pêcheur attire l’œil.

Ou le bleu métallique des libellules au vol en rase motte perturbe la ligne d’eau.

Une masse brune sort de l’eau, la tête du chevreuil traverse la rivière

elle lui appartient le temps de sa nage, même la loutre a abandonné les plages de sables fins

et de coquillages d’eau douce venus d’asie.

Quand la rivière rencontre des rochers sur sa route, le flux va se briser en milliers de morceaux

autant de cri, tous mis bout à bout font le bruit d’une vague continue.

C’est ce bruit de mer qui prend source au pied de la terrasse puis se cogne au mur du château

et remonte sous les toits.

La mer en pleine campagne.

C’est probablement cette onde sonore qui enveloppe la charpente

en coque de bateau inversé toute de bois construite, chevrons compris.

Aucune pièce métallique, aucune longueur d’onde discordante

La charpente en écoutant la mer se rêve un destin à l’envers, flottant sur les flots.

Les hôtes du château sont aussi baignés par ce bruit, son amplitude sonore reste la même et il est continue.

On finit par ne plus le remarquer vraiment, il fait partie du paysage comme les multiples

nuances de verts de la campagne qui peut nous paraitre seulement verte.

Quand on y prête attention, nous aussi, on se met à rêver d’une destinée de corsaire

sur les océans droit debout sur la charpente retournée.

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