Assis au bord du fleuve gigantesque,
mon regard est perdu vers la lointaine rive opposée.
Devant mes yeux défilent
des troncs d’arbres,
certains avec des feuilles encore vertes,
des barques à moteurs filent en sens opposé,
des oiseaux volent en escadrille
parallèlement au cours d’eau,
quand d’autres en vols individuels
griffent le ciel dans tous les sens
avec leurs trajectoires aléatoires.
Mon regard n’est pas attentif, plutôt hypnotique,
il voit ce qui lui passe devant,
sans regarder vraiment.
Le bruit continue de l’eau du fleuve
qui s’écoule est d’une puissance
juste suffisante pour rendre silencieux
le son de ces mouvements.
Cette musique d’eau aux intensités variables sans surprises
contribue à me mettre dans cet état de presque sommeil.
Mes yeux sont fixes, mes pensées comme évaporées.
Je suis avec moi même
sans rien qui puisse me distraire,
si ce n’est l’intensité d’être.
Mon esprit est là,
mais ne restitue que le rien,
le rien d’être transpercé
le plus naturellement possible par le souffle.
Le simple souffle qui rentre et qui sort, ni plus, ni moins.
Ce rien est pourtant d’une totale plénitude.
Il m’envahit, je perçois,
sans l’interpréter sa puissance et sa fragilité,
sa présence continue.
Je suis seulement,
mais totalement présent
dans une grande intensité tranquille
avec une absence d’intentionnalité,
disposé à recevoir ce qui m’est donné.
Quelque ce soit ce qui m’est donné,
totalement prêt à prendre au dépourvu l’imprévisible.
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