L’impression d’arriver au bout du quai.
Une finitude certaine.
Comme la main gauche saisit un bout du cordage,
puis la main droite devant la main gauche
et à nouveau, et encore.
Un mouvement s’est ainsi créé,
il se déroule à un rythme devenu automatique.
Soudain, plus rien à attraper,
on est arrivé au bout de la corde.
La main par habitude serre, mais ne trouve rien,
seulement du vide, l’autre esquisse
son mouvement et s’arrête en l’air,
réalisant aussi qu’il n’y a plus rien à serrer.
Un temps qui dure.
Matérialisant une hésitation entre un avant
déjà révolu et un après pas défini.
Devant cette absence à perte de vue le cœur palpite,
les sens réveillés clignotent de plus en plus vite.
Une panique généralisée emballe
l’organisme tout entier et le fige, tétanisé.
L’alerte retentit devant un vide dont on ne voit pas le fond.
Personne ne va nous y pousser.
Certes il y a un vide, il suffit de rester là ou l’on est,
le vide restera lui aussi là où il est.
Les choses ainsi bien rangés, chacun à sa place,
plus de confusion. Le cœur ralentit,
le corsetage des sens se relâche.
On perçoit mieux la lumière et on ose tourner la tête.
Le corps se relâche,
à nouveau disponible pour s’émerveiller
de ce qui nous entoure où de ce qui nous habite.
Le vide est là, mais il suffit de le contourner
en marchant tranquillement toujours en avant
puisque je suis vivant, bien vivant.
Le pas, maintenant décidé.

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