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  • Photo du rédacteurArthur Baudon Vernet

Le pouvoir du mot.

L’écrit, le plus modeste des arts par ses moyens avec le dessin. La peinture impose des images, le cinéma des images animés, des visages, des sons, de la musique.

L’écrit, avec un minimum de moyens, ne sature pas notre capteur optique avec des effets visuels hypnotiques, sonores musicaux qui vont anesthésier notre capacité sensorielle par un trop-plein.

L’écrit offre une liberté totale à son lecteur. Il peut feuilleter les pages à son rythme dans l’ordre qu’il veut

et à tout instant, il peut s’immerger dans un monde indicible, celui de l’auteur. Il n’y a pourtant qu’une surface claire souvent blanche, mouchetés par des caractères plus sombres.

Aucun visuel particulier. Une sculpture impose sa taille, petite ou grande, les matériaux utilisés, elle impose sa présence dans l’espace. Le blanc de la page peut ne pas être blanc, le noir de l’encre, bleu ou sombre.

La typographie et la taille des caractères, c’est le seul effet visuel possible, qui reste immobile.

Pourtant, ces taches sombres vont provoquer une réaction en chaîne. Un mot, une suite de mots impacte d’abord nos yeux, poursuit son effet dans le nerf optique pour ouvrir une porte dans notre cerveau qui va déboucher sur un pièce remplie d 'émotions, de sons, de musiques, d' images animées, fixes, en couleur ou en noir et blanc. Le « signifiant » du mot agit comme une clé ou un code. Et encore le même mot n’aura pas le même effet dans le temps, ne serait ce que de la journée, de la semaine, des années. Et bien entendu son signifiant sera différent en fonction des personnes.  En lisant "cheveu", tout le monde voit un cheveu, mais pour chacun, ce sera un cheveu diffèrent en fonction de son passé son vécu, autant de « cheveux » que de personnes lisant ce mot ! On pourra certes regrouper des familles de cheveux, et ne pas vouloir les couper en quatre, mais à partir d’un seul même mot, son signifiant pourra être largement différent. Alors, imaginez une phrase avec plusieurs mots, 250 mots sur une page, 180 pages dans un livre. Autant de signifiants que de lecteurs, seulement à partir de signes sombres sur une surface plus claire, sans autres artifices ! Laissant la plus grande part à chacun d’y ajouter ou enlever ce qu’il veut. Parfois rien, le lecteur prend tout, il ne fait que lire ou plutôt vivre ce que l’écrivain a écrit, mais parfois, il y ajoute ce qu’il y veut. Il réécrit dans son cerveau une autre histoire, la complète, l’étire, l’agrandit pour tout aussi bien la rétrécit

à d’autres moments. Il y a un liseur parfois, un metteur en scène. Il peut ajouter la lumière, les visages, la musique, le parfum, les sens. L'un peut emmener l’autre, ce n’est pas toujours celui qu’on croit. Le lecteur a son mot à dire, le lecteur a son mot à dire ! C’est fou ! Celui qui a écrit et celui qui lit, un couple indissociable, l'un n'étant rien sans l'autre.

L’écrivain a porté, puis accouché le nouveau né. Une fois à l’air libre, il ne lui appartient plus, il appartient au monde. Il va se balader de main en main, chacun ayant son idée sur lui et forcément, ça lui permettra d'avoir une idée

sur lui même. Il n'appartient plus à son auteur, mais à ceux qui le lisent.

Chaque lecture agrandissant à la fois le lecteur et l 'écrit lu, comme si la liberté de l'écrivain devenait celle du lecteur qui augmentait à son tour celle de l'auteur, une sorte de danse.




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