Le progrès n’est pas une flèche tendue comme le temps.
Non, le progrès n’a pas cette trajectoire
rectiligne légèrement inclinée vers la droite.
Le progrès est une montagne russe
un grand huit, une machine infernale.
Une sinusoïdale qui dure, dure
bien plus longtemps que nous.
Il est dans un mouvement sans fin
nous sommes dans un mouvement fini.
Si nous passons notre vie dans la descente
du grand huit ou de la sinusoïdale,
nous aurons une certaine idée de la vie.
Si nous la vivons avant l’arrivée au sommet
et qu’elle finit nous offrant la vue
comme une révélation, nous en conclurons
qu’il aura suffi de se laisser porter par l’air du temps
et monter ainsi automatiquement avec tout le monde
pour à la fin, au sommet du manège,
découvrir cette vue inouïe !
L’un et l’autre jugeront leur vie et la vie différemment.
Ce qu’ils auront vécu leur donnera raison
ils seront l’un et l’autre sincères en livrant
leur vérité qui deviendra la vérité
pour leur descendance.
Une réalité en tout cas, c’est que le papillon
qui se pose sur un séquoia est persuadé
que le séquoia n’est pas vivant
puisque pendant toute la durée de sa vie
le séquoia n’aura pas bougé.
Et nous qui passons 15, 27, 33, 59, 75, 85, 97 ans sur terre
nous pensons pouvoir tirer des conclusions sur la vie
et affirmer des vérités ?
Non, mais, je rêve.
(Il y a 7,5 M d'années
un tronc commun d'évolution
se séparait en deux branches:
singe et homme.
Depuis environ 300 000 générations, seulement..)
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