Soixante secondes aujourd’hui
ont pourtant la même durée que soixante secondes
il y a 10, 50, 1 000 ou 21 500 ans.
Mais pour densifier sa vie,
puisque nous sommes ce que nous vivons,
certains peuvent et veulent intensifier
chaque minute en essayant de la remplir
comme on remplirait un sac
avec le plus de grains de sable possible,
mesurant la qualité d’une journée vécue
au nombre de sacs entassé.
(Si on ne dort pas c’est 1 440, pas plus.)
Toujours cherchant et trouvant le moyen
de rajouter quelques grains supplémentaires
en superposant plusieurs activités dans le même instant
pour remplir le moindre recoin disponible.
Se retournant de temps en temps
pour apprécier l’énorme tas de sacs
mesurant ainsi leur vie
à son poids en sable et à l’absence de vide.
Ca a été une belle vie, bien remplie.
Bravo, tant mieux pour eux, respect.
Mais d’autres préfèrent ou ne savent remplir
qu'un seul sac avec une seule petite paillette d’or.
Le même sac, la même paillette d’or,
pour se concentrer sur celle-ci
et uniquement sur celle-ci,
pour l’appréhender de haut en bas,
de droite à gauche,
et à nouveau de bas en haut et de gauche à droite.
Etre seulement conscient du monde
qui nous entoure et de notre rapport avec lui.
Une exploration sans fin puisque n’étant jamais
la même personne vingt-quatre heures plus tard,
la paillette d’or ne sera jamais perçue
exactement de la même façon.
Autant d’interprétations possibles que de jours vécus.
D’ailleurs, la paillette n’étant jamais
non plus totalement éclairée
chaque jour de la même façon,
son aspect ne sera jamais exactement
similaire à celui de la veille.
Multipliant à l’infini les interprétations possibles.
Cette attention, cette concentration
des sens et de l’esprit sur une seule chose
permet une intensité de « vie vivante » incroyable.
Et en regardant en arrière,
le sac finalement décomposé
ne laissera apparaitre que la paillette d’or,
prête à nourrir un autre corps et un nouvel esprit
pour rendre une nouvelle vie pleinement vivante.
Bravo, tant mieux pour eux, respect.
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