Au début l’écriture est tape à l’œil,
mais celui qui écrit ne la voit pas telle qu’elle est,
on ne peut pas être dans la toile et peindre le tableau.
A force de répétition, cette coexistence entre l’écriture
et l’écrivain crée une connivence,
Une porosité s’installe entre les deux acteurs,
les premiers mots sont plus faciles à écrire
quand ils restaient timidement
emmitouflés dans la boite crânienne.
La main a su trouver ce fil d’encre
pour aller directement dans la zone poissonneuse
et y trouver les bon mots,
puis au fur et à mesure de sa pêche parfois miraculeuse
elle aura fini par savoir explorer
d’autres eaux et trouver encore d’autres mots.
Ce mouvement contribue aussi à déposer
des vides entre le sens des mots,
comme des espaces de suspension
pour ne pas trop enfermer sa pensée,
ne pas dessiner tous les contours,
laisser le sfumato opérer,
inviter le lecteur à deviner, comme
s’il avançait sur des pas japonais,
c’est son pas chantant de marcheur qui fera le chemin,
ce n’est pas une route balisée ou une autoroute
sur laquelle on avance sans faire attention au paysage.
L’écrivain et le texte laissent alors suffisamment
d’espace au lecteur, pour qu'il se glisse entre les deux ,
faisant advenir un univers spatio-temporel unique composé
d’1/3 par l’écrivain, 1/3 par l’écrit, 1/3 le lecteur.
Alors, à chaque nouveau lecteur, un nouveau texte né.
C'est fou, non ?
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