L'entrepreneur, le politique, l’artisan va utiliser le temps, chaque heure, comme la marche d’un escalier pour parvenir au dernier étage, son objectif.
Moins il y aura de marches, plus l’objectif sera atteint rapidement et plus il sera satisfait
pour aussitôt fixer un autre objectif et commencer à nouveau son ascension avec
une expérience supplémentaire. Il saura ainsi, en montant une seule marche
du nouvel escalier gravir un étage de l’ancien.
Avant de grimper, il sait où est le dernier étage et comment il est.
L’artiste n’a pas le même rapport au temps. Il ne sait ni ou ni comment.
Le temps, ou plutôt la durée n’est pas un moyen mais un matériaux intrinsèque
de sa création. L’artiste ne la maitrise pas.
Il peut passer des heures à observer ce qui l’entoure et durant son observation
ne sait pas ce qui l’en fera, ou durant une demi-seconde remarquer un détail insignifiant.
Le soir, le lendemain, plusieurs jours ou mois plus tard, après un temps de maturation
qui ne dépend pas de lui non plus, il restituera au travers du média choisi l’empreinte
que cette heure lui aura laissé.
Ou peut-être le micro détail a peine entr’aperçu sera la source du nouveau film
de la nouvelle sculpture ou du tableau et sera réalisé en quelques secondes avec
un crayon sur un papier, en plusieurs mois en sculptant un rocher ou plusieurs années d’écriture pour un roman. Le temps de l’observation, de la maturation, de la réflexion et de la restitution, comme une sorte de valse à quatre temps.
Les quatre pouvant durer de quelques secondes à plusieurs années. Jamais le même air.
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