Il est en nous et est aussi une extension de nous.
On le maîtrise tellement que c'est au-delà de l’interprétation.
L’interprétation peut rester dans le rang, dans le cadre défini par le compositeur
l’écrivain, le créateur.
Là, c’est différent, à cette maîtrise parfaite s’ajoute la part de soi qui va permettre
d’ ajouter une autre dimension.
Un geste légèrement décalé, un plus rapide d’abord puis plus lent ensuite
pour retrouver le rythme général.
Tout se joue juste au-dessus, comme sur des coussins d’air qui roulent.
A un tempo différent.
C’est subtil et délicat. Presque invisible, c’est amusant de parler d’invisible pour un son.
C’est le rubato.
Mais on peut le retrouver chez le peintre avec son pinceau et sa toile, le sculpteur
le photographe. Le corps doit être partie prenante.
C’est le corps et l’esprit et l’esprit et le corps qui y participent.
Ça existe aussi chez un génie du golf qui va littéralement « inventer » une trajectoire de balle
un acteur qui va sublimer le rôle, un skipper qui va créer un nouveau rapport avec la mer,
un grimpeur qui va exécuter une avancée tout à fait impensable sur sa paroi,
un boucher qui va découper sa viande sans jamais user ses couteaux.
Le corps et l’esprit ensemble vont innover, inventer et le public n’est pas dupe quand ça arrive.
Il voit se réaliser devant lui le fantasme enfouit qu’il avait.
Il y a une adéquation totale, immédiate et collective entre son secret espoir et ce à quoi il assiste.
C’est le Rubato
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