Je parle clair, regarde droit devant et j’avance.
Je chemine sans ne rien vouloir atteindre,
puisque tout est contenu dans le chemin.
Être disponible à ce qui m’entoure,
qu’il s’agisse de ce qui est proche de mon corps
comme de ce qui nourrit mon esprit.
Être le plus attentif possible
sans intention de prendre ou de profiter.
Être attentif pour être attentif
car l’intensité de la vie, alors, augmente.
La sensation de vivre monte d’un cran,
comme quand on appuie sur l’accélérateur
et que l’on roule un tout petit trop vite
pour la route qui défile sous les roues
et que le cœur palpite plus rapidement.
Curieusement, je vois beaucoup plus
de détails dans le paysage,
comme cette buse en haut d’un arbre
ou ce parterre rose de fleurs sauvages
qui se détache sur le fond bien vert du fossé.
Mes pensées aussi filent plus vite
et font des liens entre elles,
sans que je n’intervienne, et ces liens
tissent une vision plus fine et plus globale du monde.
Pourtant, je ne suis pas fou,
ni sous l’emprise de quelques substances.
Sans le vouloir vraiment, je m’interstice entre deux réels,
celui qui m’entoure et celui que je pense,
alors, j’entrevois une autre réalité
que l’on ne peut pas voir avec ses yeux,
ni toucher avec ses mains.
Un pas de côté est nécessaire, une capacité à se laisser
transpercer pour ensuite transcrire
et partager ce que l’on a perçu.
C’est ce que je fais en arrangeant
des mots et en photographiant.
Dans les deux cas, ce qui est révélé et toujours plus grand
que je ne l’imaginais.
C’est aussi très joyeux, très intense et puissant.
Comparable à la jouissance sexuelle,
l’impression d’être totalement moi-même
et pleinement vivant
dans cet abandon complice avec l’autre.
Là, c’est avec le monde.
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