Fatigué par l’anticipation,
épuisé par la répétition,
lassé par ces heures organisées à la minute
qui pourtant n’ont jamais la même durée,
écœuré par le résultat attendu toujours obtenu,
J’ai décidé de passer une journée d’improvisation.
C’est-à-dire, de me jeter à l’eau comme
on se jette du haut d’un rocher
vers la mer d’eau salé, sans savoir exactement
si il y aura assez de fond,
sans savoir si elle ne sera pas trop froide.
Dans un abandon confiant,
qui n’est pas gonflé d’un espoir naif,
il est une disponibilité à recueillir
l’inattendu avec une douceur infini.
Conscient que quoi qu’il arrive
ce sera la première et la dernière fois
que je vivrai cette journée ci,
autant y être attentif et mobiliser tous mes sens
et mon esprit pour porter une concentration
maximum sur tout ce que je vais traverser.
Les images, les sons, les odeurs,
ce qui touche ma peau,
ce qui caresse ou heurte mes oreilles,
dégoute ou réjoui mon palais,
enchante ou désespère mon regard,
fait sourire ou met en colère mon cerveau,
danse et chante avec mon cœur, et le soir venu,
la conscience d’avoir été totalement vivant
suffit à me faire tomber dans le sommeil le plus profond
accompagné de rêves chantants et scintillants
comme la mer sous le clair de la lune.
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