Un jour dans la rue, levant la tête vers la devanture
le C, le O et le I sont devenus un « COI »,
et le F, F , E ,U, R un « FFEUR »,
et les deux ont sonné un « COIFFEUR » !
Il ne s’agissait plus de signes indépendants,
mais de lettres tissant un lien entre elles
pour me dessiner un mot
et illuminer mon esprit.
Il y aura un avant et un après.
« Je sais lire ».
Mon univers s’ouvre sur un nouveau monde,
une exploration s’impose avec
la soif de connaitre le plus de mots possible,
puisque chaque nouveau mot
est une nouvelle couleur,
une porte qui s’ouvre,
un pas dans un inconnu
qui devient rapidement familier,
c’est le monde des mots,
Plus on en voit, moins on a besoin de la réalité réelle.
En convoquant les mots
on peint l’univers que l’on veut.
Ces mots-étiquettes deviennent tellement
nombreux que leur ombre va
jusqu’à rendre opaque la réalité.
Le mot « table » désigne une table,
mais si vous êtes nés en Suède, au Sénégal,
en Inde, au Japon ou à Paris,
ou encore dans une ferme, dans un château,
sur une ile du Pacifique ou de la Méditerranée,
l’image mentale qu’évoque
le mot « table » ne sera pas de même nature.
Alors, pensez donc pour des mots comme,
identité, liberté, mariage, mort, religion, dieu ?
Impossible que ces mots désignent le même signifiant.
Ils sont des étiquettes bien pratique pour communiquer,
mais avec une grande marge d’interprétation.
Chaque enfant se lance dans une course aux mots,
à chaque mot nouveau, son univers s’agrandit,
il élargit son champ de connaissance,
mais toujours avec le même filtre.
Alors on plonge sous un mot-étiquette
pour approfondir son sens
et sous chaque étiquette on découvre
un nombre insoupçonné de signifiants
en fonction d’où on les regarde.
Leur sens apparait bien plus riche,
et curieusement, plus on plonge,
plus les étiquettes deviennent transparentes
car plus la réalité nous apparait.
Cette plongée dans les profondeurs
révèle une vérité complexe,
bien plus vaste qu’on ne l’aurait imaginé.
Le réel sans étiquettes nécessite la connaissance
de l’interprétation du regard de tous.
Ceux qui parlent plusieurs langues touchent
du doigt cet enrichissement,
ils utilisent des mots de l’une ou l’autre
en fonction des sujets.
Nous sommes comme des arbres
figés dans l’univers observant le monde
à partir de notre point de vue.
Planté dans une forêt, le monde est forêt,
dans une prairie, le monde est prairie,
citadin dans un parc le monde est urbain.
Nous ne croyons que ce que nous voyons.
Nous sommes des arbres qui marchent
avec leurs racines sous le bras
se deplacant dans le monde
avec leur point de vue persuadés
d’être ouvert au monde,
alors que nous ne voyons que ce nous croyons.
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