Par définition,
on ne rencontre la mort
que quand on est vivant.
Une fois mort, nous et elle,
ne faisons qu’un,
mais ni elle, ni nous ne pouvons témoigner.
Vivant, on la côtoie quand elle touche,
le parent, l’ami, la connaissance,
l’inconnu célèbre, la célébrité, l’autre.
La première rencontre quand
elle touche un proche est sidération.
L’autre n’est plus, son odeur disparait assez vite,
sauf le parfum qu’il portait,
Les souvenirs communs nous sautent à la gueule,
les bons comme les mauvais, surtout les bons.
Le son de sa voix s’estompe, son rire persiste
plus longtemps dans notre mémoire,
les trais de son visage se confondent
avec les photos que l’on garde de lui.
Pourquoi lui et pas moi ?
Comment lui survivre ?
Comme si il y avait une indécence,
une culpabilité à pleurer devant
ce magnifique couché de soleil qu’il ne peut plus voir.
Une honte à respirer cet air qu’il ne respire plus
Avec le temps, on lui survit et même bien.
La puissance du mouvement de vie
toujours plus forte que l’immobile froideur de la mort.
Avec le temps pourtant on la croise de plus en plus,
et peut être à cause de cette fréquence,
chaque nouvelle mort ajoute de la tristesse,
augmente le nombre des absents,
intensifie le sentiment d’injustice et d’absurdité,
mais, chaque mort est
comme un coup de pied au cul
pour nous signifier que la vie est belle.
Chaque rendez-vous nous incite à ouvrir
les yeux plus grand encore pour mieux voir,
à être plus attentif à la moindre minute de vie,
à remarquer le moindre souffle du vivant
que nous croisons.
Comme si chaque mort nous avait
transmis un peu de sa vie pour doper la nôtre
et apprendre à aimer la vie telle qu’elle est,
à l’embrasser tout entière tel quel,
seulement pour ce qu’elle est, parce qu’elle est la vie.
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