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Photo du rédacteurArthur Baudon Vernet

Aux sources de la vie .

J’ai tellement pleuré dans ma vie !

J’ai tellement pleuré de tristesse devant

ce mur embrumé de l’incompréhension.

J’ai tellement pleuré devant la sécheresse

de la déception, cet écart soudain,

toujours sombre entre le rêve et la réalité.

Quand la chose idéalisée s’écroule à chaque pas de réel.

J’ai tellement pleuré devant l’injustice,

sans même connaitre la victime,

je sais qu’elle a été trahi. Pourquoi elle ?

J’ai tellement pleuré de désespoir,

mal compris, puis incompris.

J’ai tellement pleuré devant mon incapacité

à répondre aux attentes de la société, des systèmes,

de l’autorité, de la famille, des proches et d’autres.

Tous ces gens qui ne suivent

que le process pour le process,

le travail pour le travail, l’argent pour l’argent,

la gloire pour la gloire, le pouvoir pour le pouvoir.

Ces êtres totalement déshumanisés qui répondent

à une question par un formulaire ou une procédure.

Je pleure tellement de cette déconnexion

des humains avec la nature,

quand ils ne la voient que ressource,

gain potentiel ou chose utile.

Incapable de l’observer pour l’observer

et de s’y perdre enfin, emporté dans la vie qui vit.

Tous ce gens qui érigent des murs étanches entre eux

pour garantir leur liberté !

Quel paradoxe ! Quelle stupidité !

Au lieu d’apprendre à se connaitre pour parvenir

à se faire confiance. Bâtir des ponts plutôt

que des cloisons qui confortent sans cesse la défiance.

Plus elles sont nombreuses,

plus ils pensent que chaque bloc

sera source de bonheur, chacun dans

son minuscule carré de verdure !

Mais, j’ai aussi éprouvé le plaisir, ce courant d’eau tiède

bienveillant dans le corps, parfois trop brulant,

soudainement froid pour nous faire prendre conscience

que nous sommes de chair et pleurer de larmes chaudes.

Ce plaisir peut aussi jaillir de la source de l’esprit.

Il nous irradie quand une chose

inconnue se laisse découvrir,

qu’une évidence jaillit, ou que l’on a enfin compris

ce que l’on était convaincu d’avoir compris d’avoir compris.

Une grande porte s’ouvre sur cette nouvelle réalité

sans pouvoir jamais la refermer.

J’ai tellement pleuré ces torrents d’eaux salées

quand la joie survient, rarement d’une cause extérieure.

C’est une ouverture soudaine,

une compréhension immédiate,

un amour, un jaillissement créatif,

une note de musique, une couleur qui surgit,

un fugitif éclat de soleil qui rend visible le rose vif

et lumineux du dessous des ailes

d'un flamant rose dans son vol,

un agencement de mots ou de chiffres

qui invente une phrase

pour transformer le monde,

un mouvement transformé en geste,

Une élégance qui se métamorphose en beau.

Une évidence qui jaillit comme un éclair

dans notre cerveau pour irradier tout notre corps.

Toutes ces larmes, qu’elles soient de tristesses

ou de joies sont toutes de la même eau,

elles n'ont pas le même effet.

Cependant cet effet s'appelle vivre.

Merci la vie.

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