J’ai tellement pleuré dans ma vie !
J’ai tellement pleuré de tristesse devant
ce mur embrumé de l’incompréhension.
J’ai tellement pleuré devant la sécheresse
de la déception, cet écart soudain,
toujours sombre entre le rêve et la réalité.
Quand la chose idéalisée s’écroule à chaque pas de réel.
J’ai tellement pleuré devant l’injustice,
sans même connaitre la victime,
je sais qu’elle a été trahi. Pourquoi elle ?
J’ai tellement pleuré de désespoir,
mal compris, puis incompris.
J’ai tellement pleuré devant mon incapacité
à répondre aux attentes de la société, des systèmes,
de l’autorité, de la famille, des proches et d’autres.
Tous ces gens qui ne suivent
que le process pour le process,
le travail pour le travail, l’argent pour l’argent,
la gloire pour la gloire, le pouvoir pour le pouvoir.
Ces êtres totalement déshumanisés qui répondent
à une question par un formulaire ou une procédure.
Je pleure tellement de cette déconnexion
des humains avec la nature,
quand ils ne la voient que ressource,
gain potentiel ou chose utile.
Incapable de l’observer pour l’observer
et de s’y perdre enfin, emporté dans la vie qui vit.
Tous ce gens qui érigent des murs étanches entre eux
pour garantir leur liberté !
Quel paradoxe ! Quelle stupidité !
Au lieu d’apprendre à se connaitre pour parvenir
à se faire confiance. Bâtir des ponts plutôt
que des cloisons qui confortent sans cesse la défiance.
Plus elles sont nombreuses,
plus ils pensent que chaque bloc
sera source de bonheur, chacun dans
son minuscule carré de verdure !
Mais, j’ai aussi éprouvé le plaisir, ce courant d’eau tiède
bienveillant dans le corps, parfois trop brulant,
soudainement froid pour nous faire prendre conscience
que nous sommes de chair et pleurer de larmes chaudes.
Ce plaisir peut aussi jaillir de la source de l’esprit.
Il nous irradie quand une chose
inconnue se laisse découvrir,
qu’une évidence jaillit, ou que l’on a enfin compris
ce que l’on était convaincu d’avoir compris d’avoir compris.
Une grande porte s’ouvre sur cette nouvelle réalité
sans pouvoir jamais la refermer.
J’ai tellement pleuré ces torrents d’eaux salées
quand la joie survient, rarement d’une cause extérieure.
C’est une ouverture soudaine,
une compréhension immédiate,
un amour, un jaillissement créatif,
une note de musique, une couleur qui surgit,
un fugitif éclat de soleil qui rend visible le rose vif
et lumineux du dessous des ailes
d'un flamant rose dans son vol,
un agencement de mots ou de chiffres
qui invente une phrase
pour transformer le monde,
un mouvement transformé en geste,
Une élégance qui se métamorphose en beau.
Une évidence qui jaillit comme un éclair
dans notre cerveau pour irradier tout notre corps.
Toutes ces larmes, qu’elles soient de tristesses
ou de joies sont toutes de la même eau,
elles n'ont pas le même effet.
Cependant cet effet s'appelle vivre.
Merci la vie.
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