La transition rend le changement invisible.
Il est inodore, incolore comme l’eau froide
que l’on réchauffe très doucement
jusqu’à ébouillanter la grenouille
qui ne s’est aperçue de rien.
Pris dans le tourbillon de la vie
on ne se rend pas compte
des micros changements permanents.
Un jour on se retrouve plus gros ou plus maigre,
plus vieux, rarement plus jeune,
malade, accidenté au propre ou au figuré.
Autant de points pour aller à la ligne dans une vie,
pour changer de paragraphe ou tourner la page.
Le point final, lui, ne dépend pas de nous,
mais ce qui dépend de nous
c’est l’orientation de notre attention.
Ou porter notre attention ?
Vers l’explicite, le clair, les certitudes
ou au contraire vers le sous-entendu,
l’entre deux, l’allusion, les doutes, le trait d’esprit.
Dans tous ces mots se loge notre interprétation,
c’est-à-dire la vraie part de nous-mêmes,
notre part de liberté qui explore le pays du doute.
Quand le monde des certitudes
n'a que des blancs et des noirs
comme habitants, aucune interprétation
possible puisque tout y est clair, les gris n’existent pas.
Nietzche avait raison ce n’est pas le doute
qui rend fou mais la certitude .
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