La vague de l’océan.
Une puissance sèche quand ça cogne de face.
On peut toujours esquiver en dessous.
Alors, il faut y aller de tout cœur.
Quand elle est vraiment forte,
il va falloir toucher le fond et
ne pas se relever trop tôt
pour éviter sa turbine arrière qui vous broieras,
ni trop longtemps, à peine sorti de l’eau,
la suivante vous en fera avaler
faute d’avoir eu le temps de prendre de l’air.
Il va falloir oser prendre une vague
pour s’échapper à cet enchainement infernal
qui va vous faire suffoquer.
Celle-là !
Allongé, propulsant mon bras gauche dans l’eau,
les doigts des mains bien joins,
puis le droit toujours soucieux des doigts
pour un maximum de performance.
Il faut absolument obtenir de la vitesse
pour ne pas être simplement heurté
par ce mur d’eau,
mais avoir une chance d’être d’abord emporté
puis enveloppé pour finir caressé par la vague.
L’écart de vitesse reste grand, l’accélération est indicible.
La vue blanchie d’écume
est devenue un brouillard liquide.
Je respire de façon automatique,
la vitesse à fond.
Agrippé à la planche, mes quatre doigts
s’impriment dans son verso
et mes pouces sur son recto,
comme si elle s’effritait entre mes doigts.
Ca fuse, ça pulse ! J’y vais, J’y suis !
La planche se durcit
comme si la vitesse et l’eau intensifiait sa densité.
Elle tape, ça cogne,
puis ça file aussi légèrement, facile.
Une trajectoire tranchante comme une flèche
qui fend l’air en deux.
Attention, la moindre oscillation
à droite ou à gauche,
la planche soudain de travers
va me faire rouler comme un teeshirt tombé
dans un lave-linge en position essorage.
Je suis toujours sur l’eau,
au-dessus et dans la vague,
sur et dans son écume
qui blanchit mes cheveux pourtant déjà blancs.
Ca va très vite, mais tout est arrêté,
j’ai l’impression de voir les gouttes d’eau
de part et d’autre de ma planche comme au ralenti,
d’avoir le temps de respirer l’absence de bruit et de frottement.
Un calme infini qui s’évapore instantanément.
Je suis une goutte d’eau dans l’océan,
ça change, avant j’étais un grain de sable sur la plage.
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