Parler dans le désert.
Persuadé en envoyant des messages qu’ils seront entendus.
Autant de bouteilles jetées à la mer.
Recommencer avec plus de force
peut être vont-ils trouver un écho contre la montagne ?
Adressé avec émotion seront-ils
eux aussi noyés dans une vallée de larmes ?
Trop long, trop bref, trop compliqué,
trop personnel, trop confus,
trop banal, que sais-je encore.
Le sentiment de solitude gagne.
Les « à quoi bon » deviennent obsédants.
Et puis on recommence,
on continue parce que c’est plus fort que nous.
Peintre, sculpteur, photographe, musicien,
écrivain, cinéaste, dessinateur,
parce que chaque fois que l’artiste
transforme le réel en une création,
il éprouve « la joie ».
La joie de transformer quelque chose qui n’existait pas en réel,
réalité qui instantanément lui renvoie
un écho exactement conforme
au son original qui pourtant
n’existait pas avant qu’il ne l’invente !
Ce quelque chose préexistait
et il l’a révélé en le créant !
Une succession de boucles temporelles
qu’affectionnait H. Bergson.
Comment ?
Aucune idée, mais c’est un fait,
on sait qu’à cet instant, on s’est laissé traverser
par quelque chose
et le tamis de l’abandon
a permis de recueillir une trace.
Trace qui peut prendre plusieurs formes
comme celle des lettres sur le papier pour devenir
des mots et qui vont transmette
à celui qui les lira ce qu’a ressenti
celui qui les a écrit.
C’est le partage de ce « ressenti »
qui est bien plus puissant
que ce qui est montré.
En partageant ce rapport au réel.
La solitude n’est plus.
Il ne s’agit pas du nombre de lecteurs,
il s’agit d’aller puiser sans cesse au fond,
au tréfonds de soi-même
pour enfin rencontrer
cette vibration intérieure, la connaitre,
l’apprécier et la trouver tellement belle
qu’elle ne peut plus vivre qu"en étant partagée.
Tel l’explorateur revenant de voyage
ayant vu tellement de beau, tellement d’incroyable
qu’il lui est impossible de les garder pour lui,
sa nature est de partager ce qu’il a découvert.
Alors, le mot « solitude » n’existe plus,
puisque une fois mise à nue
cette vibration avec le monde au travers des sens,
de l’esprit et du cœur ne disparaitra plus
sauf avec soi et encore,
rien n’est certain puisque tout est transformation, non ?
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