Les mots surgissent sur la page blanche
comme les coquelicots au-dessus de l’herbe verte.
On ne sait jamais exactement quand ils apparaitront.
Ce n’est pas une affaire de volonté, mais de temporalité.
Dans les deux cas , il faut quand même
avoir préparé le terrain,
qu’il soit suffisamment nourri et abreuvé
le plus régulièrement possible
d’une variété diverses de nutriments,
que la température soit la bonne
et bien entendu que la lumière du soleil
maintienne l’éveil.
Les mots sont aussi proches des arbres
avec leurs ramifications aériennes
comme souterraines qui tissent des liens improbables.
Une feuille à quinze mètres de haut dialogue
avec le filament d’un champignon au contact
de l’extrémité d’une racine à dix mètres sous terre.
L’une connait l’air, le vent, la lumière
quand l’autre ne connait que le noir
et l’humidité de sa cave.
Pourtant, les deux participent de la vie de l’arbre.
Le sens des mots agit de même,
des mots qui a priori n’ont rien à faire entre eux vont
se lier et faire surgir un sens inconnu,
c’est bien une forme de vie, un inattendu qui surgit.
Pour l’arbre comme pour les mots,
l’énergie du temps est un ingrédient essentiel.
Un arbre ne pousse d’un seul coup,
celui qui arrange les mots entre eux
pour leur donner un sens, non plus.
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